Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/53

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— Est-ce que vous craignez d’attirer quelque mal à votre frère, en disant la vérité ? ajouta Louis. Il pensait que Lévise devinait l’envie qu’il avait de s’interposer entre son frère et elle.

Mais Lévise ne se doutait pas qu’il fût intéressé si directement dans ce débat. Elle croyait que Louis était poussé par la répulsion et l’animosité que les gens du pays témoignaient contre son frère, et qu’elle attribuait à l’état de braconnier du jeune paysan.

Louis, la voyant très-troublée, chercha à la rassurer.

— Nous n’avons nullement l’intention de lui faire du mal, reprit-il, mais nous voulons vous mettre à l’abri de ses habitudes brutales.

— Il est fort, mon frère ! répondit Lévise avec assez d’orgueil et comme pour donner le conseil de ne point chercher noise à Volusien.

— Enfin, dit Louis, ne trouvez-vous pas inutile d’être battue ?

— J’y suis habituée, répliqua Lévise en souriant légèrement.

— Cela vous fait donc plaisir ? reprit-il impatienté.

Elle sourit un peu plus.

— Je n’y pense pas !

Louis commença à croire que Lévise avait dû avoir des torts graves envers son frère, et il se creusa la cervelle à chercher le motif de la brutalité de Volusien. Il se demanda, en sentant le froid glisser dans ses nerfs, si quelque amourette avec un autre garçon n’avait pas irrité Volusien. Mais il lui semblait déjà impossible que la jeune fille eût de l’inclination pour un paysan. Elle n’était plus à ses yeux une paysanne. Il pensa ensuite que Volusien avait peut-être été mécontent que sa sœur n’eût pas rapporté l’argent de sa journée.