Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/62

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point qui entrait. Sa figure semblait chagrine, altérée, presque sombre.

La surprise de Louis s’échappa par un premier cri : Il n’y a plus de fleurs ici non plus !

Le jeune homme demandait ainsi involontairement à Lévise pourquoi elle avait fait ce ravage inattendu !

Lévise resta penchée sur l’ouvrage et muette !

— Il n’y en a plus, la-haut ! continua Louis dont le ton était mêlé de colère et interrogeait.

La jeune fille ne bougea pas. Elle paraissait avoir elle-même un grief contre Louis.

— Est-ce que ?… reprit-il en hésitant… comment cela se fait-il… est-ce que vous les avez ôtées ?

— Moi ? dit brusquement Lévise en levant la tête et en le regardant avec des yeux étonnés où se voyaient une tristesse et un mécontentement contenus.

Un moment, Louis crut qu’elle jouait la comédie. Et ils restèrent quelques secondes en face l’un de l’autre, immobiles, se regardant et cherchant mutuellement à lire sur leurs visages.

— Euronique m’a dit, reprit enfin Lévise dont les lèvres tremblaient légèrement, que vous lui aviez commandé de les jeter, parce qu’elles étaient laides !

— Moi ? s’écria Louis comme avait fait la jeune fille un instant avant. Euronique a menti impudemment.

Lévise n’avait point l’air de le croire.

— Et quand vous a-t-elle dit cela ? demanda Louis vivement.

— À trois heures !

— Euronique ! appela Louis de sa plus grande voix, Euronique !

Il était atterré et enragé à la fois ! La figure de Lévise, redevenue sereine, montrait qu’elle reconnaissait la sincérité du jeune homme !