Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/87

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ailleurs qu’auprès de lui ? Quel attachement rapide et insensé ! se dit-il.

Il en arrivait à rire des entrechats de Cardonchas auxquels il avait d’abord attribué une si grande influence sur Lévise.

Tout sa coup celle-ci vit Louis. Aussitôt elle parla à Cardonchas. Louis suivait tous leurs mouvements. Cardonchas offrit le bras à la jeune fille et la mena s’asseoir sur un des bancs placés tout autour du Mail, puis il alla prendre une autre danseuse.

Louis, ne comprenant pas tout de suite le motif pour lequel, à sa vue, la jeune fille avait cessé de danser, se demandait si elle le faisait pour qu’il n’eût pas de soupçons contre Cardonchas, ou si elle agissait par délicatesse, simplement pour prouver au jeune homme qu’elle ne voulait avoir en sa présence d’autre plaisir que celui qu’elle puisait peut-être dans cette présence même. Louis fit le tour du Mail parmi les promeneurs de façon à passer derrière le banc où était assise la jeune fille.

Elle ne montra point qu’elle le sût là, et, de son côté, il ne lui adressa ni paroles, ni gestes de reconnaissance, de peur de la compromettre aux yeux des paysans, d’autant plus qu’il n’y avait de redingote que celle de Louis dans toute l’assemblée.

Des jeunes gens vinrent tour à tour inviter Lévise. Elle refusa. Louis s’était caché un peu en arrière, à l’abri d’un tronc d’arbre, de sorte qu’elle ne pouvait le voir. Les yeux de la jeune fille parcouraient tout le Mail, et, de temps en temps, elle se tournait de côté et d’autre, comme pour chercher quelqu’un : Moi ! pensait Louis.

Une paysanne s’arrêta près de Lévise et lui dit : Eh bien ! grande bête, tu t’es donc tourné le pied ! Cardonchas a dit qu’il ne danserait plus avec toi. Tu lui as fait