Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/108

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— Ah ! c’est fort aimable d’être revenu nous voir, monsieur, dit Françoise.

— Nous vous avons cru souffrante hier soir chez Mme Desgraves, et j’ai pris la liberté de venir prendre des nouvelles de votre santé.

— Mais non, j’ai été retenue par des occupations, il était trop tard pour sortir ; mais je me suis dédommagée, j’ai lu votre livre.

Allart s’inclina, ravi. Combien ces premiers mots banals avaient une valeur secrète et avec quelle satisfaction ils furent prononcés de part et d’autre. Les formules de la plus simple politesse prenaient un accent caressant. Et la rencontre se fût bornée à ces quelques mots qu’ils y eussent trouvé tous deux un motif suffisant pour se plaire davantage.

Charlotte, qui épiait Allart, comme un jeune chat prêt à jouer, mais craignant la rudesse de son partner, et qui l’épiait surtout dans l’intérêt de Françoise, se sentit gagnée par la voix profondément intellectuelle et sensible d’Allart ; le simple son l’en réjouissait, et le bon sourire qui éclaira d’un rayon tendre les traits tourmentés de Philippe, le lui changea tout d’un coup, et en fit l’homme le plus agréable qu’elle eût vu.

On causa un peu de l’œuvre d’Allart.

— Ah ! monsieur, y parlez-vous des femmes ? s’écria Charlotte.

— Il y a de très belles choses sur les femmes, reprit gravement Françoise.

— Je regrettais si profondément celles de France, dit Allart.