Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/131

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releva la tête, le repoussa un peu et courut comme une folle vers la porte de sa chambre, d’où elle lui cria :

— Partez, partez, je vous en supplie, je me meurs, laissez-moi seule, j’ai besoin d’être seule. Vous reviendrez, vous m’écrirez ; de grâce, partez ! reprit-elle de l’accent d’une profonde supplication, le voyant immobile, pâle, presque égaré au milieu du salon ! Partez ! vous m’aimez et je vous aime !

Comme un être qui n’a plus sa volonté, il tourna machinalement sur lui-même, fit quelques pas. Il entendit le bruit de la porte qui se refermait, se retourna et s’élança comme pour tout franchir ou briser, puis s’arrêta court, sourit à la façon d’un homme qui triomphe de la souffrance, murmura : Pense à elle seule ! et partit précipitamment.

Françoise était tombée sur son lit de repos, la respiration oppressée, le sein rempli de plaintes ainsi qu’un malade. Ses mains puis ses dents serraient et broyaient un mouchoir. Que regrettait-elle, ou quoi la faisait souffrir ? Elle frissonnait et ses yeux étaient fixes.

Pendant plus d’une demi-heure, elle resta sous l’influence de la crise. Puis la serre du mal qui la terrassait lâcha prise peu à peu. Enfin Françoise se releva ou plutôt bondit avec une sorte d’emportement et se mit en prière en soupirant du plus profond de sa poitrine ces mots : Grand Dieu, vous m’avez secourue !

Et elle n’avait plus qu’à célébrer avec joie le moment où elle avait été tirée d’un si grand péril.

Quant à Allart, il avait longuement couru à travers Paris, se demandant au milieu de la fièvre : Ai-je bien