Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/184

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posés à côté de lui sur une chaise. Était-il donc vrai qu’il fût ruiné ? D’où sortait-il ? Était-il bien ambassadeur à N… ? Était-il bien chez lui ?

Il reprit ses sens, et d’un mouvement de rage il jeta à terre ces misérables papiers, messagers de ruine. Ensuite il les ramassa et les relut mot par mot.

Il se rendit bien compte du désastre et resta navré, écrasé, la tête dans ses mains. Il regardait tant de débris faits autour de lui. Comme des objets précieux qu’un maladroit a brisés, ses projets gisaient à terre. Fracassé, le grand espoir de parvenir au pouvoir ; en morceaux, l’espoir des richesses ; broyés en poussière, efforts, habileté, confiance en soi-même ! Et tous ses rivaux, tous ses ennemis, tous ses amis se pressaient à l’entour avec une joie insultante, criant : du Quesnoy est ruiné, du Quesnoy est perdu ; c’était un fanfaron, un imbécile, foulons-le aux pieds, ce n’est plus qu’un mendiant !

Il lut encore toutes les lettres. Il faudrait payer une grande somme : où la trouver ? Et les bruits qui devaient courir, et la déconsidération qui en résultait On avait beau se raidir, cela était terrible. Il recevait un des plus grands coups auxquels un homme pût être exposé. Il n’avait pas de bonheur. Il était à plaindre. Et qui le consolerait ? Il reprit la lettre de sa femme. Pas un mot de consolation. Elle était froide, dure, impérieuse. Un malheur capable d’émouvoir le premier venu si on le lui racontait, ne touchait point cette femme.

Toute sa rancune contre elle revint. Il la détesta. Eh oui, c’était bien parce qu’elle avait des amants