Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/221

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Il fit une pause.

Françoise pensait : s’il avait parlé ainsi il y a deux ans, il y a six mois seulement !… Mais maintenant c’est une capitulation désespérée. Du reste, j’espérais qu’il s’amenderait. Je puis peut-être le ramener aux sentiments délicats qu’un homme bien élevé se doit de suivre.

Joachim s’était aperçu que la figure rigide de sa femme se détendait.

Comme elle ne répondait pas, quoiqu’il eût cherché à la provoquer à parler, il reprit :

— Est-il trop tard ? Personne ne m’aidera donc à les réparer ?

Le ton était celui d’une invocation véhémente et pressante.

Il s’attendait à ce que Françoise allait s’écrier : Moi ! et tomberait peut-être dans ses bras. Alors la bataille était gagnée.

Mais bien qu’il lui reprochât toujours de n’être pas simple, elle y mit plus de simplicité.

— Eh bien, dit-elle, vivez dorénavant modestement et très honnêtement. Travaillez, conservez vos places d’ailleurs.

Joachim eut peine à ne point froncer le sourcil.

— Et, continua Françoise, on oubliera que vous avez eu des moments de défaillance. Moi-même je serai très heureuse de vous voir considéré et estimé.

Il prit un air contrit, mais ses dents auraient grincé. Le vent ne soufflait point du côté qu’il désirait.

— Maintenant, ajouta Françoise, il faut prendre un