Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/296

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Sa mère et sa sœur ? mais elles la haïraient ! Il n’échappa à cette anxiété qu’en se disant : Je le tuerai ! et il ajoutait en lui-même comme s’il avait un pouvoir secret à sa disposition : Il faut que je le tue !

De toute la nuit il ne dormit pas et ne souffrit pas moins que Françoise ne souffrit dans la matinée. Il eut envie d’aller jusqu’à l’hôtel du Quesnoy, questionner au moins les gens ; mais il craignit que ses témoins n’eussent mauvaise opinion de lui et ne crussent qu’il se sauvait. Il se laissa dévorer par l’angoisse, en suppliant le jour de paraître.

Le matin, il avait la physionomie presque hagarde. Il voulait partir trop tôt. Sa main tremblait visiblement.

Ses amis commençaient à le croire effrayé. Il finit par s’apercevoir qu’ils mettaient tant de délicatesse à le rassurer, qu’il ne devait pas avoir l’allure de commande en pareil cas. Aussi se hâta-t-il de la reprendre.

Joachim, lui, s’exerça avec le maître d’armes pour bien se faire la main, et envoya chercher ses souliers les plus légers. Il parla de théâtres, de filles, plaisanta et déploya toute l’affectation possible pour montrer qu’il n’était nullement impressionné par un aussi simple incident.

Enfin, à six heures et demie du matin, au fond d’un bois à trois lieues de Paris, arrivèrent au même carrefour, deux fiacres qui se suivaient de très près.

Aussitôt en descendirent six hommes pâles, sombres ou soucieux. Quatre d’entre eux se saluèrent, les deux autres, point.