Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/146

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tuellement en état de définir le but de l’enseignement secondaire — question qui ne pourra venir utilement qu’a la fin du cours — cependant nous pouvons bien dire qu’au lycée il ne s’agit de faire ni un mathématicien, ni un littérateur, ni un naturaliste, ni un historien, mais de former un esprit au moyen des lettres, de l’histoire, des mathématiques, etc. Mais comment chaque maître pourra-t-il s’acquitter de sa fonction, de la part qui lui revient dans l’œuvre totale, s’il ne sait pas quelle est cette œuvre, comment ses divers collaborateurs y concourent avec lui, de manière que ses efforts rejoignent les leurs ?

Très souvent, il est vrai, on raisonne comme si tout cela allait de soi, comme si cette fin commune n’avait rien d’obscur, comme si tout le monde savait ce que c’est que former un esprit. Mais, en réalité, cette vague formule est vide de tout contenu positif ; et c’est pourquoi je pouvais l’employer tout à l’heure sans rien préjuger des résultats que donneront nos recherches ultérieures. Tout ce qu’elle énonce, c’est qu’il ne faut pas spécialiser les esprits ; mais elle ne nous apprend pas pour autant sur quel modèle il faut les former. La manière dont on formait un esprit au XVIIe siècle ne saurait convenir aujourd’hui ; on forme aussi un esprit à l’école primaire, mais autrement qu’au lycée. Tant donc que les maîtres n’auront pour centre de ralliement que des adages aussi imprécis, il est inévitable que leurs efforts se dispersent