Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’idées et de sentiments collectifs, en France, au xxe siècle, des éducateurs éduquent, des enfants sont éduqués. Tout cela peut être décrit, analysé, expliqué. La notion d’une science de l’éducation est donc une idée parfaitement claire. Elle a pour rôle unique de connaître, de comprendre ce qui est. Elle ne se confond ni avec l’activité effective de l’éducateur, ni même avec la pédagogie, qui vise à diriger cette activité. L’éducation est son objet : entendons par là, non pas qu’elle tend aux mêmes fins que l’éducation, mais au contraire qu’elle la suppose, puisqu’elle l’observe.

Cette science, Durkheim ne conteste nullement qu’elle soit, dans une large mesure, d’ordre psychologique. Seule, la psychologie, appuyée sur la biologie, élargie par la pathologie, permet de comprendre pourquoi l’enfant humain a besoin d’éducation, en quoi il diffère de l’adulte, comment se forment et évoluent ses sens, sa mémoire, ses facultés d’association, d’attention, son imagination, sa pensée abstraite, son langage, ses sentiments, son caractère, sa volonté. La psychologie de l’enfant, rattachée à celle de l’homme adulte, complétée par la psychologie propre de l’éducateur, telle est l’une des voies par où la science peut aborder l’étude de l’éducation. L’idée est universellement reçue.

Mais la psychologie n’est qu’une des deux voies d’accès possibles. Qui la suit exclusivement s’expose à n’aborder le fait éducation que par l’une de ses deux faces. Car la psychologie est évidemment incompétente, quand il s’agit de dire, non plus ce qu’est l’enfant, qui reçoit l’éducation, sa manière propre de l’assimiler et d’y réagir, mais la nature même de la civilisation que l’éducation transmet et de l’outillage qu’elle emploie pour le transmettre. La France du xxe siècle a quatre enseignements : primaire, secondaire, supérieur, technique, dont les rapports ne sont pas du tout ce qu’ils