Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/26

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la moralité qu’il s’agit, pour nous, de constituer chez l’enfant. Comment la nature de l’enfant se prête-t-elle à la recevoir, quelles ressources, quels ressorts, mais aussi quels obstacles y rencontre l’éducateur ? Les titres des leçons suffisent à indiquer la marche de la pensée : la discipline et la psychologie de l’enfant d’abord, la discipline scolaire, la pénalité et les récompenses scolaires ; puis l’altruisme chez l’enfant et l’influence du milieu scolaire sur la formation du sens social ; enfin l’influence générale de l’enseignement des sciences, des lettres, de l’histoire, de la morale elle-même, et aussi de la culture esthétique, sur la formation de l’esprit d’autonomie.

L’autonomie est l’attitude d’une volonté qui accepte la règle, parce qu’elle la reconnaît rationnellement fondée. Elle suppose l’application, libre mais méthode que, de l’intelligence à l’examen des règles que l’enfant reçoit d’abord, toutes faites, de la société dans laquelle il grandit, mais que, bien loin de les accepter passivement, il doit, peu à peu, apprendre à vivifier, à concilier, à épurer de leurs éléments caducs, à réformer, pour les adapter aux conditions d’existence, changeantes, de la société dont il devient un membre actif. C’est, dit Durkheim, la science qui confère l’autonomie. Elle seule apprend à reconnaître ce qui est fondé dans la nature des choses, nature physique, mais aussi nature morale, ce qui est inéluctable, ce qui est modifiable, ce qui est normal, quelles sont donc les limites de l’action efficace pour améliorer la nature, nature physique, nature morale. Tout renseignement a, de ce point de vue, une destination morale, celui des sciences cosmologiques, mais surtout l’enseignement de l’homme lui-même, par l’histoire et par la sociologie. Et c’est ainsi que l’éducation morale complète réclame, aujourd’hui, un enseignement de la morale : deux choses que Durkheim distingue nettement, bien