Page:Durkheim - De la division du travail social.djvu/261

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ment, si ce doute n’avait d’autre base que ce manque de symétrie entre l’individu et la société, il ne mériterait pas d’arrêter l’attention. Mais il ne faut pas oublier que, jusqu’à des temps très récents, ces organes intermédiaires existaient : c’étaient les corps de métiers. Nous n’avons pas à en discuter ici les avantages ni les inconvénients. D’ailleurs, de pareilles discussions sont difficilement objectives, car nous ne pouvons guère trancher ces questions d’utilité pratique que d’après nos sentiments personnels. Mais par cela seul qu’une institution a été nécessaire pendant des siècles à des sociétés, il paraît peu vraisemblable que celles-ci se soient brusquement trouvées en état de s’en passer. Sans doute, elles ont changé ; mais il est légitime de présumer a priori que les changements par lesquels elles ont passé réclamaient moins une destruction radicale de cette organisation qu’une transformation. En tout cas, il y a trop peu de temps qu’elles vivent dans ces conditions pour qu’on puisse décider si cet état est normal et définitif ou simplement accidentel et morbide. Même les malaises qui se font sentir depuis cette époque dans cette sphère de la vie sociale ne semblent pas préjuger une réponse favorable. Nous trouverons dans la suite de ce travail d’autres faits qui confirment cette présomption[1].


III


Il y a enfin le droit administratif. Nous appelons ainsi l’ensemble des règles qui déterminent d’abord les fonctions de l’organe central et leurs rapports, ensuite celles des organes qui sont immédiatement subordonnés au précédent, leurs relations les unes avec les autres, avec les premiers et avec les fonctions diffuses de la société. Si nous continuons à emprunter à la biologie

  1. V. liv. III, ch. I.