Page:Durkheim - L'Allemagne au-dessus de tout.djvu/37

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sance. Par suite, son devoir, au-dedans comme au-dehors, est d’affirmer cette puissance. Pour cela, il tiendra la main à ce que ses décisions, une fois prises, soient impitoyablement exécutées. Il ne faut pas qu’on sente chez lui la moindre hésitation, signe de faiblesse. « À l’intérieur également, l’essentiel est la puissance, l’affirmation persévérante et la réalisation intégrale de la volonté de l’État. Un État qui laisse le moindre doute sur la fermeté de sa volonté et de ses lois ébranle le sentiment du droit[1]. » Si l’on résiste, qu’il frappe et rudement, c’est le seul moyen de donner le sentiment de sa force. « Qu’on se rappelle avec quelle sentimentalité les princes allemands usèrent, pendant longtemps, de leur droit de grâce. Les philanthropes avaient tellement gémi sur l’immoralité de la peine de mort que les princes furent contaminés par le même sentiment ; on en vint à ce point qu’il n’y eut plus de décapitation en Allemagne[2]. » La politique ne va pas sans dureté ; c’est précisément pour cela que les femmes n’y peuvent lien entendre[3].


L’homme d’État idéal. ― De cette analyse se dégage le portrait de l’homme d’État idéal, tel que Treitschke le conçoit.

Avant tout, il doit avoir une ambition massive (massive Ehrgeiz[4]). Car, comme l’État est, par essence, ambitieux, comme il aspire à être toujours plus grand et plus puissant, un homme trop modeste dans ses desseins ne pourrait l’aider à remplir ses destinées.

Pour réaliser ses ambitions, il faut naturellement qu’il soit intelligent, d’une intelligence essentiellement réaliste, qui le mette en garde contre « l’enivrement des belles pensées politiques ». Car c’est le résultat seul qui doit compter à ses yeux ; « c’est dans le résultat qu’il trouve son bonheur ».

Mais la qualité qui lui est le plus indispensable, c’est une volonté intraitable. « L’art de la politique réclame un carac-

  1. I, p. 101.
  2. I, p. 102.
  3. I, p. 33.
  4. I, p. 66.