Page:Durkheim - Le Suicide, Alcan, 1897.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I ;

, 

^ • li06 L£ SUICIDE. plua faible. Commet sons un tel régime, il se rapproche du céli- bataire, il ne peut pas ne pas perdre quelques-uns de ses avaD»- tages. Par eanséqucnt, lemombre total des suicides s’élève (U. Mais cette conséquence du divorce est spéciale à rkoioiDe; elle n’aiteinit pas Tépouse. En eËfet,. le& besoins sexuels de la (emme ont un caractère moÎDSi mental, parée que, d’une manière /. générale, sa vie mentale est moins- développée. Ils sont plus immédiatement en rapport avec les exigences de Vorganisioe^ les suivent plus qu’ils ne les devancent et y trouvent par consé- quent un frein efQcace. Parce que la femme est un être plus instinctif que rhomn>e, pour trouver le calme et la paix,, elle n’a qu’à suivre ses instincts. Une réglementation sociale aussi étroite que celle du mariage et, surtout, du mariage monoga- m.ique ne lui est donc pas nécessaire. Or uoe telle discipline, là même où elle est utile, ne va pas sans inconvénients. En fixant pour jamais la condition conjugale^ elle empêche d’en sortir quoiqu’il puisse arriver. En bornant l’horizon, elle ferme les issues et interdit toutes les espérances, même légitimes. L’homme lui-même n’est pas sans souffrir de cette immutabilité; mais le mal est pour ’lui largement compensé par les bienfaits qu’il en retire d’autre part. D’ailleurs, les mœurs lui accordent certains privilèges qui lui permettent d’atténuer, dans une certaine mesure, la rigueur du régime. Pour la femme, au contraire, il n’y a ni compensation ni atténuation. Pour elle, la monogamie est d’obligation stricte, sans tempéraments d’aucune sorte, et, d’un autre côté, le mariage ne lui est pas utile, au moins au même degré, pour borner ses désirs qui sont naturellement bornés et lui apprendre à se contenter de son sort; mais il l’em- pêche d’en changer s’il devient intolérable. La règle est donc (1) Mais, dira-t-on, est-ce que, là où le divorce ne tempère pas le mariage, l’obligation étroitement monogamique ne risque pas d’entraînerle dégoût? Oui, sans doute, ce résultat se produira nécessairement, si le caractère moral de Tobligation n’est plus senti. Ce qui importe, eu effet, ce n’est pas seule- ment que la réglementation existe, mais qu’elle soit acceptée par les cons- ciences. Autrement, si elle n’a plus d’autorité morale et ne se maintient plus que par la force d’inertie, elle ne peut plus jouer de rôle utile. Elle gêne sans beaucoup servir.