Page:Durkheim - Les Formes élémentaires de la vie religieuse.djvu/550

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parce que les ancêtres l’ont célébrée, parce qu’on y est attaché comme à une tradition très respectée et parce qu’on en sort avec une impression de bien-être moral. Quant aux autres considérations, elles n’ont qu’un rôle complémentaire ; elles peuvent servir à confirmer les fidèles dans l’attitude que le rite leur prescrit ; elles ne sont pas la raison d’être de cette attitude.

Voilà donc tout un ensemble de cérémonies qui se proposent uniquement de réveiller certaines idées et certains sentiments, de rattacher le présent au passé, l’individu à la collectivité. Non seulement, en fait, elles ne peuvent servir à d’autres fins, mais les fidèles eux-mêmes ne leur demandent rien de plus. C’est une preuve nouvelle que l’état psychique dans lequel se trouve le groupe assemblé constitue bien la seule base, solide et stable, de ce qu’on pourrait appeler la mentalité rituelle. Quant aux croyances qui attribuent aux rites telle ou telle efficacité physique, elles sont choses accessoires et contingentes, puisqu’elles peuvent manquer sans que le rite soit altéré dans ce qu’il a d’essentiel. Ainsi, les cérémonies du Wollunqua, mieux encore que les précédentes, mettent à nu, pour ainsi dire, la fonction fondamentale du culte positif.

Si d’ailleurs, nous avons spécialement insisté sur ces solennités, c’est à cause de leur exceptionnelle importance. Mais il en est d’autres qui ont exactement le même caractère. Ainsi, il existe chez les Warramunga un totem « du garçon qui rit ». Le clan qui porte ce nom a, disent Spencer et Gillen, la même organisation que les autres