Page:Duval - Roi des aventuriers, 1916.djvu/56

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sous les coups prodigieux et inattendus du chevalier. Et toujours de nouveaux indiens qui, à cause du tournant brusque du défilé formé par l’angle du roc derrière lequel se tenait leur ennemi, ne voyaient pas l’hécatombe des blessés, continuaient d’affluer sans cesse, les uns derrière les autres.

Et notre Gascon frappait sans relâche. Il s’était emparé d’une lourde hache d’une de ses victimes et frappait à tour de bras dans la multitude, tranchant les têtes qui apparaissaient, coupant les bras brandis vers lui, ouvrant les poitrines, éventrant, assommant, refoulant du pied dans le précipice les cadavres qui obstruaient le passage.

Il semblait qu’une folie furieuse, diabolique, s’était emparée de lui. Il frappait formidablement, au sein d’une masse confuse qui tourbillonnait autour de lui, comme un torrent furieux arrêté par un roc. il frappait toujours, aveuglé par les flots de sang qui giclait autour de lui, fou de rage et de colère, rugissant comme un lion, affolé d’ardeurs belliqueuses, emporté par une fièvre sanguinaire. Il frappait, implacable, inlassable, presque invisible dans cette masse informe qui venait se ruer et mourir autour de lui.

Cette lutte innommable, fantastique, réellement homérique dura jusqu’au moment où le dernier ennemi s’effondra sous le dernier coup du chevalier d’Arsac.

Alors, celui-ci poussa du pied les cadavres qui s’élevaient devant lui et il regarda enfin le champ de carnage.