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mariée dans les Messaaba. Par insouciance de déclassée, elle ne se couvrait pas le visage.

Un soir qu’elle revenait de ce quartier éloigné du sien, elle fut insultée par Amor-Ben-Dif-Allah, le tenancier de la maison publique… Violente et point craintive, Embarka répondit… Les femmes de la maison se mêlèrent de la querelle et l’agent de police emmena Embarka en prison…

Convaincue de prostitution clandestine, elle fut emprisonnée pour quinze jours et inscrite sur le registre… Violemment, Jacques protesta, navré de voir son rêve finir ainsi dans la boue.

— Ah, sapristi, c’était votre maîtresse ? Je n’ai pas su que c’était celle-là… Oh, que c’est ennuyeux ! s’écria le capitaine. — Mais vous voyez combien j’avais raison de vous avertir ! Quel scandale… À présent, tout le monde parlera de la maîtresse du docteur. Que faire, en de pareilles circonstances ?

Je ne puis vous la rendre, car, après une telle histoire, si vous vous remettiez avec elle, ce serait un scandale épouvantable. Ah, que ne m’aviez-vous écouté !…

Jacques, tremblant d’émotion et de colère, répondit :

— Alors, vous allez la laisser en prison… jusqu’à quand ?

— Vous savez que la prostitution est très sévèrement réglementée… Cette femme ne peut sortir de prison que pour entrer à la maison de tolérance…