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actuelle, — et les quartiers maritimes, tout en bas. De là, on domine une vallée boisée où sont les faubourgs et le Campo santo, sorte de carrière encastrée dans le flanc d’une colline rougeâtre au sommet de laquelle est une ruine géante… à l’horizon oriental, des montagnes couvertes de pinèdes bordent la vallée.

Au nord, faisant face à la ville, sur une autre colline le vieux Castello San Mighele, abandonné et croulant au milieu d’une forêt de pins.

De ce côté, la campagne vallonnée est toute semée de ruines, de petits murs en argile et de haies de figuiers de Barbarie parmi les oliviers comme un coin de la campagne âpre d’Afrique…

En passant dans les vicoli sombres du Castello, on aperçoit parfois par un entre-bâillement de porte, lourde et bardée de fer, des escaliers en faïence, des cours intérieures dallées de blanc où murmurent des fontaines enguirlandées de lierres et de vignes.

Les portes des églises sont perpétuellement béantes, dans ce pays resté catholique jusqu’au fanatisme, où tout le monde est croyant. Dans leur ombre humide, les cierges allument des lueurs fantastiques sur le luxe lourd et barbare des châsses, des ex-voto, de toutes ces dorures éteintes.

Sous les voûtes du Castello, il est des antres innommables, noirs et puants, des caves profondes où se terrent une pouillerie, une truanderie affreuses,