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Il s’y oppose[1]. — Premiers commencements du Faust. « Le Faust a commencé en même temps que mon Werther, je l’apportai avec moi à Weimar en 1775. Je l’avais écrit sur du papier à lettre ; il n’y avait pas une rature, parce que je n’écrivais jamais un vers avant d’être sûr qu’il était bon et qu’il resterait. »

Mercredi, 11 février 1829.

Dîné avec Goethe et le directeur des bâtiments Coudray. Celui-ci donne des détails sur une école industrielle pour femmes et sur une maison d’orphelins ; ce sont les meilleures institutions en ce genre que le pays possède ; elles ont été fondées la première par la grande-princesse, la seconde par le grand-duc Charles-Auguste. Coudray montre à Goethe le plan d’une chapelle pour les princes. Goethe fait des observations sur la place où doivent s’asseoir les princes, Coudray les trouve justes. M. Soret vient après dîner. Goethe nous montre les tableaux de M. de Reutern[2].

Jeudi, 12 février 1829.

Goethe me lit la poésie extrêmement belle qu’il vient d’écrire : Aucun être ne peut tomber dans le néant… Il me dit : « J’ai fait ces vers comme réplique à mes autres vers : Tout doit tomber dans le néant… vers qui sont sots et que mes amis de Berlin, lors de la réunion des

  1. On a reproché à Goethe cette opposition. Ceux qui connaissent les habitudes et le caractère de « Madame la Conseillère » savent fort bien qu’elle ne pouvait être heureuse qu’à Francfort. Jamais du reste elle n’a élevé la plus petite plainte contre son Wolfgang ; elle ne parla de lui jusqu’à son dernier moment qu’avec une affection enthousiaste.
  2. Gérard de Reutern, né en Livonie, en 1785. Il servit d’abord dans l’armée russe, et quitta le service pour se consacrer tout entier à la peinture. Voir plus loin la conversation du 1er avril 1831.