Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/45

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était un homme unique par l’entraînement qu’il exerçait, aussitôt qu’il s’animait dans une conversation.

Si j’ai été assez heureux pour reproduire en partie dans ce second recueil de conversations ces heureux moments, on l’accueillera sans doute aussi bien que le premier. — C’est encore une fois une image de Goethe, et cette fois reflétée, non pas en moi seul, mais aussi dans un de mes jeunes amis. M. Soret, de Genève, appelé à Weimar sur sa réputation d’esprit libre et de républicain pour faire l’éducation de S. A. R. le grand duc héréditaire, eut avec Goethe, à partir de cette époque jusqu’à sa mort, des relations très-intimes. Goethe l’invitait souvent à dîner, et aimait à le voir venir à ses soirées. De plus, les connaissances de M. Soret en histoire naturelle étaient un motif de rapports nombreux et durables avec Goethe. — En sa qualité d’excellent minéralogiste, il rangea la collection de cristaux de Goethe, et ses connaissances en botanique lui permirent de traduire en français la Métamorphose des Plantes, et de servir ainsi à répandre davantage cet important ouvrage. Ses fonctions à la Cour lui donnaient aussi l’occasion de voir Goethe, parce que tantôt il menait le prince chez lui, tantôt S. A. R. le grand-duc, ou S. A. I. Madame la grande-duchesse lui donnaient quelque mission pour Goethe. — M. Soret a souvent, dans son journal, conservé des notes sur ces relations personnelles, et il y a quelques années, il a eu la bonté de me remettre un petit manuscrit composé de la réunion de ces notes, me permettant d’en extraire les passages les plus intéressants pour les insérer à leur date dans mon volume de suppléments. Ces notes, écrites en français, étaient tantôt détaillées, tantôt rapides et insuffisantes, telles que les occupations, souvent nombreuses de l’auteur, avaient permis de les rédiger. Comme dans le manuscrit il n’y avait pas un seul sujet qui n’eût été à plusieurs reprises et en détail traité entre Goethe et moi, mon propre journal pouvait très-bien servir à compléter celui de Soret, à en combler les lacunes, et à éclaircir par un développement suffisant ce qui était seulement indiqué. J’ai cependant marqué par un astérisque * tous les entretiens dont le fond est pris au manuscrit de Soret ;