Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/195

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quelle vous travailliez alors à votre éducation artistique ; cette pensée a dominé toute votre existence pendant que vous étiez à Rome ; on a en vous l’exemple d’un esprit qui satisfait sérieusement un de ses goûts les plus chers, et votre ardeur est comme un soleil dont on sent la chaude influence.

« Je vous remercie beaucoup de votre livraison d’Art et Antiquité, qui m’a donné des distractions et des enseignements variés. Ces livraisons me ramènent toujours en imagination dans votre cabinet de travail ; je me rappelle les conversations que nous avions là ensemble, j’entends de nouveau les poésies que vous me lisiez, je revois les objets d’art que vous me montriez. Je retrouve dans ces pages vos hôtes Gœttling et Streckfuss. L’article du premier sur l’Histoire romaine de Niebuhr, et les observations du second sur les Fiancés, de Manzoni, et Foscarina, de Niccolini, sont deux travaux remarquables. Mais j’ai été d’abord attiré par vos fragments sur la littérature et le théâtre actuels en France et en Angleterre, et j’ai lu surtout avec intérêt vos réflexions si pénétrantes sur la Grèce actuelle. Il semble certain que le prince de Cobourg sera placé à la tête du nouvel état… etc.[1]. »

  1. J’extrais ce fragment de la Correspondance de Goethe avec Boisserée, qui vient d’être publiée tout récemment (1862). Boisserée avait séjourné à Paris en 1825, et Goethe dut à ses récits une connaissance plus précise du monde parisien. Dans ces lettres, nous trouvons des preuves nouvelles de l’intérêt avec lequel Goethe suivait les travaux des écrivains français. En voici un exemple : Boisserée ayant parlé à Goethe des représentations religieuses d’Oberammergau, Goethe lui répondait le 3 octobre 1830 : « Je viens justement de recevoir une leçon de Villemain qui traite de ce même sujet. Un passage, écrit dans la jolie manière française, célèbre l’abbesse de Gandersheim, cette fameuse Hroswitha, qui, excitée par la lecture de Térence, jouait des drames pieux, écrits avec aisance et liberté. Il y a là un parallèle que je ferai peut-être si je trouve un moment favorable. Puisque j’ai encore de la place, je vous fais copier le passage sur