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notre vraie nature divine d’êtres humains. La culture intellectuelle peut toujours se développer, les sciences naturelles peuvent gagner toujours en étendue, en profondeur, l’esprit de l’homme peut s’élargir autant qu’il le voudra, on ne trouvera rien au-dessus de la haute doctrine morale qui brille et resplendit dans les évangiles.

« Plus notre développement, à nous autres protestants, sera solide et pur, plus vite nous serons suivis des catholiques. Quand ils se sentent entourés des lumières toujours croissantes du siècle, bon gré mal gré, il faut qu’ils avancent derrière nous, et c’est ainsi que se reformera à la fin l’unité.

« Le malheureux esprit de secte des protestants disparaîtra aussi, et avec lui disparaîtront les haines et les inimitiés entre le père et le fils, entre le frère et la sœur. Car dès que l’on a bien conçu et que l’on s’est assimilé la vraie doctrine et l’amour du Christ dans sa réalité, on sent sa grandeur d’homme, on se sent libre, et on n’attache plus grande valeur à tel ou tel détail du culte.

« Peu à peu nous passerons tous de plus en plus du christianisme de la lettre et de la foi à un christianisme de l’esprit et de l’action. »

La conversation vint alors sur les grands hommes qui ont vécu avant le Christ chez les Chinois, les Indiens, les Persans et les Grecs, hommes chez lesquels la puissance Divine a agi avec autant d’énergie que chez quelques grands Juifs de l’Ancien Testament. Nous en vînmes à cette question : Quelle est l’action de Dieu sur les grandes natures du monde dans lequel nous vivons actuellement ? Goethe dit : « À entendre parler certaines gens, il semblerait qu’ils pensent que Dieu depuis