Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas, à vrai dire, d’une étendue considérable. Les vents se tenaient généralement au sud-est, mais très-faibles. Quand nous avions le vent d’ouest, ce qui était fort rare, il était invariablement accompagné de rafales de pluie, Chaque jour, plus ou moins de neige. Le thermomètre, le 27, était à 35 degrés.

1er janvier 1828. — Ce jour-là, nous fûmes complètement environnés de glaces, et notre perspective était en vérité fort triste. Une forte tempête souffla du nord-est pendant toute la matinée et chassa contre le gouvernail et l’arrière du navire de gros glaçons avec une telle vigueur, que nous tremblâmes pour les conséquences. Vers le soir, la tempête soufflait encore avec furie ; mais une vaste banquise en face de nous s’ouvrit, et nous pûmes enfin, en faisant force de voiles, nous frayer un passage à travers les glaçons plus petits jusqu’à la mer libre. Comme nous en approchions, nous diminuâmes la toile graduellement, et, à la fin, nous étant tirés d’affaire, nous mîmes à la cape sous la misaine avec un seul ris.

2 janvier. — Le temps fut assez passable. À midi nous nous trouvions par 69° 10′ de latitude sud et 42° 20′ de longitude ouest, et nous avions passé le cercle Antarctique. Du côté du sud, nous n’apercevions que très-peu de glace, bien que nous eussions derrière nous de vastes banquises. Nous fabriquâmes une espèce de sonde avec un grand pot de fer, d’une contenance de vingt gallons, et une ligne de deux cents brasses. Nous trouvâmes le courant portant au sud, avec une vitesse d’un quart de mille à l’heure. La température de l’air était environ à 33 ; la déviation de l’aiguille, de 14° 28′ vers l’est, par azimut.