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III

TIGRE ENRAGÉ.

L’idée me vint tout de suite que ce papier était un billet d’Auguste, et que, quelque accident inconcevable l’ayant empêché de venir me tirer de ma prison, il avait avisé ce moyen pour me mettre au courant du véritable état des choses. Tout palpitant d’impatience, je me mis de nouveau à la recherche de mes allumettes phosphoriques et de mes bougies. J’avais comme un souvenir confus de les avoir soigneusement serrées quelque part, juste avant de m’assoupir, et je crois bien qu’avant ma dernière expédition vers la trappe j’étais parfaitement capable de me rappeler l’endroit précis où je les avais déposées. Mais maintenant c’était en vain que je m’efforçais de me le rappeler, et je perdis bien une bonne heure dans une recherche inutile et irritante de ces maudits objets ; jamais, certainement, je ne me trouvai dans un état plus douloureux d’anxiété et d’incertitude. Enfin, comme je tâtais partout, ma tête appuyée presque contre le lest, près de l’ouverture de ma caisse et un peu en dehors, j’entrevis comme une faible lueur dans la direction du poste. Très-étonné, je m’efforçai de me diriger vers cette lueur, qui me semblait n’être qu’à quelques pieds de moi. À peine avais-je commencé à me remuer dans ce but, que je l’avais entièrement perdue de vue ; et, pour l’apercevoir de nouveau, je fus obligé de tâtonner le long de ma caisse jusqu’à ce que j’eusse exactement