Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/110

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les premiers voyageurs. Pauln son bâton sur l’épaule, était à son poste au bas de le colline, veillant à l’arrivée des voitures. Enfin il en passa une qu’il suivit à la montée. Au moment où le postillon l’appela, en le priant d’enrayer les roues, l’enfant glissa le morceau de bois emmanché comme il aurait fait d’une pierre ; et il réussit au gré de ses désirs. Plusieurs voitures passèrent dans la journée, Paul et Annette reçurent une grande quantité de sous de la part des voyageurs. Quand la nuit vint, Annette dit à son frère :

« Je ne crois pas qu’il en passe encore d’autres aujourd’hui. Comptons nos sous, et puis allons les porter à grand’maman.

— Non, pas encore, répondit Paul. Laisse-les laisse-les dans le trou où je les ai mis ; je suis sûr qu’il passera d’autres voitures avant qu’il soit tout à fait nuit, et nous n’en aurons que plus de monnaie. Cependant ajouta-t-il, si tu veux rester ici un instant et veiller aux voitures, j’irai cueillir des mûres de haie dans un champ voisin. Si tu aperçois quelque chose, tu m’appelleras. »

Annette attendit longtemps, ou du moins elle crut attendre longtemps, et ne voyant rien venir, elle quitta la route et se dirigea vers le champ où son frère était allé.

« Paul, dit-elle, je n’en puis plus, mes yeux sont fatigués de regarder. Il ne passe plus rien