Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/125

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ter de ce qui se passait dans le grand salon. Mais son couteau et sa fourchette tombèrent de ses mains ; il renversa un verre de clairet et se leva de table, saisi de surprise et de crainte lorsqu’il se trouva en face de son maître.

— La guinée, monsieur, la guinée que vous avez prise à cet enfant, s’écria M. Pembroke d’une voix indignée ; la guinée que je vous ai autorisé, prétendez-vous, à recevoir de ce jeune garçon ? »

Le valet, confondu et à demi suffoqué, répondit qu’il avait plus d’une guinée sur lui, et qu’il ne savait pas ce qu’on voulait dire. Il tira son argent de sa poche et vida sa bourse sur la table d’une main tremblante. La guinée marquée d’une croix parut. Son maître la prit et le chassa sur-le-champ avec mépris.

« Et maintenant, mon honnête petite fille, dites-moi qui vous êtes et ce que vous et votre frère désirez le plus au monde. »

Paul et Annette répondirent tous deux à la fois :

« Ce que nous désirons le plus au monde, c’est une couverture pour notre bonne grand’maman.

— Elle n’est pas notre vraie grand’maman, ajouta Paul ; mais, monsieur, elle est tout aussi bonne pour nous. Elle m’a enseigné à lire ; elle fait tricoter ma sœur et nous apprend à tous les deux à être honnêtes comme elle. Je désire qu’elle ait une couverture neuve avant l’hiver, pour la