Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/134

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Les deux plus jeunes étaient deux filles : Peggy et Nancy, âgées de six et huit ans. Edmond venait d’atteindre sa neuvième année. C’était un gros garçon fort, adroit, et tout disposé à travailler. Il allait chercher du gazon et le charriait dans une voiture. Il savait conduire les chevaux, et souvent il lui arrivait de mener à la campagne une famille de bourgeois qui lui donnaient pour sa peine douze, quinze ou vingt sous, suivant la longueur de la course. Edmond était ainsi, comme il le disait lui-même, en état de pourvoir à son existence. Il aidait Marie dans son travail et cherchait à se rendre chaque jour plus utile, se rappelant la recommandation que sa mère avait faite lorsqu’elle les avait bénis en joignant ensemble leurs petites mains.

— Peggy et Nancy étaient trop jeunes pour s’occuper utilement ; c’étaient d’aimables enfants, et quand Marie considérait que leur avenir dépendait d’elle, elle prenait bien fermement la résolution de ne les laisser manquer de rien.

Le premier soin de Marie fut de payer les quelques dettes dont sa mère lui avait parlé. Elle dépensa ainsi tout l’argent qui lui avait été laissé. Lorsque le terme arriva, et qu’il fallut s’acquitter envers le propriétaire, les orphelins ne trouvèrent plus dans leur bourse une seule pièce de monnaie. Marie espérait que le propriétaire pa-