Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/142

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Quand Edmond atteignit sa douzième année, Gilbert l’envoya chercher et lui dit que son maitre avait besoin d’un domestique, et qu’il l’avait chargé d’en chercher un dans le voisinage.

« Plusieurs garçons, lui dit-il, se sont présentés, mais je n’ai eu garde de les arrêter. Je vous connais depuis assez longtemps pour savoir qu’on peut compter sur vous, et je viens vous chercher.

Edmond entra donc au service du père d’Isabelle et de Caroline.

Ce nouveau genre de vie lui plut beaucoup ; il était bien nourri, bien vêtu, bien logé. Chaque jour il prit goût à son travail, et devint bientôt apte à faire tout ce que Gilbert demandait.

Habitué à marcher pieds nus, il éprouva dans le commencement des difficultés réelles à mettre ou plutôt à garder des souliers et des bas. Il marchait avec embarras, et excitait l’hilarité des autres domestiques ; aussi sa sœur Marie, à qui il s’empressa de raconter ses tourments, se mit en mesure de lui faire avec des semelles de chanvre tressé une paire de pantoufles, avec lesquelles il pût marcher tout à son aise. Il mettait ses pantoufles en rentrant, laissait ses souliers à la porte et les autres domestiques, voyant que ses chaussures étaient toujours propres et qu’il n’y avait aucune trace de boue sur les escaliers, lui en fi-