Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/143

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rent l’observation et admirèrent les pantoufles que Marie avait tressées.

La femme de chambre d’Isabelle en commanda aussitôt une paire ; mais, au lieu de faire la semelle avec du chanvre, Marie la tressa avec des cordes d’emballage, ce qui fut plus solide, plus élégant, et d’une durée égale aux semelles de cuir que l’on met aux souliers.

La femme de chambre s’empressa de les montrer à sa jeune maîtresse, qui, toute heureuse de l’intelligence et de l’adresse de Marie, s’entendit avec sa sœur et commanda deux douzaines de pantoufles pareilles. Elle envoya à Marie de la futaine pour les doubler et du cordonnet pour les border.

L’ouvrage terminé, les deux sœurs vendirent les pantoufles et en eurent trois schellings la paire. Elles ses rendirent aussitôt aux ruines du château de Rossmore, trouvèrent la petite famille occupée aux travaux du ménage, et donnèrent à Marie le prix de son travail. Elles l’engagèrent à continuer à faire ce commerce, et lui dirent que cette chaussure plairait beaucoup et qu’elle pourrait facilement la vendre aux marchands de Dublin.

Encouragée par ses bonnes amies, Marie donna à sa petite manufacture, tout le développement possible. Nancy et Peggy tressaient les cordes ; Ed-