Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/166

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Le marin s’arrêta. Il vit que la ficelle s’était en effet accrochée à la boucle de son soulier et qu’il avait failli tout entraîner avec lui.

« Je vous suis bien obligé, mon petit ami, dit-il. Vous venez de me sauver là un objet que je ne voudrais pas détruire pour dix guinées, car je le destine à ma femme. Je l’ai apporté de bien loin, et j’eusse été désolé de le briser ici après l’avoir débarqué sans accident. Oui, je vous en suis d’autant plus obligé, mon ami, que vous me rendez le bien pour le mal. Je suis désolé d’avoir fait tomber vos graines, Vous avez un bon cœur et pas de rancune.

Puis se tournant vers le marchand : « Veuillez m’aveindre ce vase. »

Le vase fut aveint avec précaution ; le capitaine enleva le couvercle et retira quelques oignons de tulipes.

« Je suppose, d’après la quantité de graines que vous achetez, que vous êtes chez un jardinier, dit-il à Maurice. Aimez-vous le jardinage ?

— Oui, monsieur, beaucoup, répondit l’enfant ; mon père est jardinier, il me permet de l’aider, et il m’a donné un petit parterre pour moi seul.

— Eh bien, voilà une couple d’oignons de tulipes pour vous, et je vous promets que, si vous en prenez soin, vous aurez dans votre jardin les plus belles tulipes de l’Angleterre. Elles n’ont été