Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

livre qu’il trouvait le secret de ses framboises de Brobdignac. Il n’avait pas été sans s’apercevoir du ton d’impertinence de son voisin. Il se garda de le contredire, et, comme il lisait souvent la Bible, il savait que « Une douce parole apaise la colère ; » aussi répondit-il avec calme :

« Je vous entends, voisin Oakly. Il est probable que votre pépinière va vous rapporter beaucoup d’argent cette année ; eh bien ! buvons à la pépinière, et en même temps à votre semis de mélèzes, qui ne viennent pas mal non plus, je crois.

— Merci, voisin, merci ? mes mélèzes viennent assez bien, en effet. À votre santé, monsieur Grant, et à ce que vous appelez vos framboises. »

Quand les verres furent vides, M. Oakly reprit :

« Tenez, je n’aime pas à demander, voisin, mais si vous voulez me donner… » Au même instant plusieurs étrangers entrèrent, et la phrase ne put être achevée.

" Ainsi qu’il le disait, M. Oakly n’était pas fait pour solliciter, et il avait fallu toute la cordialité de Grant pour qu’il pût dominer ses préjugés au point de demander une faveur à un Écossais.

C’était un plant des framboises Brobdignac que M. Oakly avait voulu demander à son voisin. Le