Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/176

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— Oui, avec Maurice Grant ; à partir de ce jour, je te défends d’avoir aucun rapport avec lui.

— Pourquoi donc, mon père ?

— Ne fais pas de questions et obéis.

— J’obéirai, mon père, dit Arthur fondant en larmes.

— Comment ! le voilà qui pleure maintenant ! Imbécile ! est-ce que tu ne pourras pas jouer avec d’autres petits camarades ? Je t’en trouverai un autre, moi, s’il ne faut que cela.

— Ah ! mon père, dit Arthur en essayant de retenir ses larmes, je n’aurai jamais un ami comme Maurice Grant.

— Pauvre niais ! dit M. Oakly attirant son fils prés de lui, tu es justement le contraire de ton père, tu te laisse prendre aisément aux belles paroles ; mais, quand tu auras vécu aussi longtemps que moi, tu sauras que les amis ne sont pas aussi communs que les mûres, et qu’ils ne poussent pas sur les buissons.

— Oh ! je le sais bien, dit Arthur, car je n’ai jamais eu d’amis avant de connaître Maurice, et je n’en aurai jamais de semblable à lui.

— Tel père, tel fils : félicite-toi de ne plus le voir.

— Ne plus le voir ! Quoi ! mon père, n’irai-je donc plus travailler dans son jardin, et lui, ne viendra-t-il plus dans le mien ?