Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/197

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obtenu un délai ; et j’ai promis de payer de lundi en quinze. C’est deux guinées que je dois ; je ne les ai pas, et qui sait quand je les aurai ? Il n’y a donc pas à balancer, mon enfant, ajouta la veuve en laissant tomber sa tête sur son bras, Pied-Léger doit être vendu. »

Jean garda le silence pendant quelques minutes.

« Deux guinées, disait-il, deux guinées, c’est beaucoup. Si je travaillais sans prendre de repos, je ne pourrais pas avant le jour de la foire gagner deux guinées ; n’est-ce pas, ma mère !

— Si Dieu ne vient pas à ton aide, non ; tu ne le pourras pas, quand même tu travaillerais jour et nuit.

— Mais je puis gagner quelque chose, cependant. Je le pense, du moins, s’écria Jean vivement ; je veux gagner quelque chose : je ferai de mon mieux.

— Je reconnais bien là mon enfant, dit la mère en le pressant sur son cœur ; tu es un bon et intelligent garçon ; mais, je dois te l’avouer, Pied-Léger doit être vendu. »

Jean se retira sans mot dire, les yeux baignés de larmes. Il savait néanmoins que pleurer n’avance à rien, et, séchant ses pleurs, il se mit à chercher les moyens de conserver son cheval.

« Si je gagne peu à la fois, mais tous les jours quelque chose, se dit-il, qui sait si le propriétaire