Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/200

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— Laissez-moi regarder encore, repartit Jean, il ne faut pas se désespérer si promptement. » Et, après avoir cherché quelques instants, il retrouva la pierre.

« Merci, dit l’ouvrier, vous êtes un petit garçon fort intelligent. »

Jean, encouragé par le ton avec lequel lui parlait cet ouvrier, hasarda les mêmes questions qu’il avait faites à la vieille femme.

« Un bon service en mérite un autre, dit l’ouvrier. Nous allons dîner ; je vais quitter mon ouvrage : attendez-moi ici, et je puis vous assurer que votre temps ne sera pas perdu. »

Pendant que Jean attendait le retour de l’ouvrier, il entendit quelqu’un auprès de lui qui poussait un grand bâillement. Il se retourna aussitôt et vit étendu sur le gazon, près de la rivière, un garçon à peu près de son âge, et très-connu dans le village d’Ashton sous le nom de Laurent le Paresseux ; nom qu’il méritait, car il ne faisait rien du matin au soir. Il ne travaillait ni ne jouait : sa seule occupation consistait à s’étendre, à bâiller et à dormir. Son père était marchand de vin ; adonné à l’ivrognerie, il ne trouvait pas le temps de s’occuper de son fils, qui, laissé tout le jour à lui-même, devenait un fort mauvais sujet. Quelques voisins le plaignaient, car il était d’un bon naturel ; mais d’autres, rappelaient, en secouant