Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/252

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Le monsieur chez qui alla M. Gresham avait trois fils, qui tous devaient assister au tir à l’arc, et tous trois affirmèrent en présence d’Henri et de Benjamin, qu’ils n’avaient jamais eu la pensée d’acheter un costume pour cette occasion, et qu’ils ne pouvaient citer parmi toutes leurs connaissances que deux ou trois jeunes gens qui eussent l’intention de faire cette dépense inutile.

Henri fut tout surpris.

« Telle est la différence des opinions sur les grandes affaires de la vie, dit M. Gresham en regardant ses neveux. Vous entendez déclarer indispensable par certaines gens ce que d’autres regardent comme tout à fait inutile. Ce qu’il y a de mieux à faire en pareille circonstance, mes amis, c’est de juger par soi-même de quel côté sont les gens et les opinions les plus raisonnables. »

Henri était plus accoutumé à considérer ce qui est à la mode que ce qui est raisonnable. Sans comprendre le sens des paroles de son oncle, il lui répondit avec étourderie : « Ma foi, je ne m’occupe pas de ce que tout le monde pense ; je sais seulement ce que m’a dit lady Diana Sweepstakes. »

Il espérait que le nom d’une femme du monde, allait inspirer le respect à toutes les personnes présentes. Sa surprise fut grande de voir sur chaque visage un sourire de raillerie. Mais il fut