Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/279

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Il était tellement hors de lui, qu’il ne pouvait reconnaître aucune physionomie parmi toutes celles qui l’entouraient. Tout à coup il se sentit saisir par le bras ; il se retourna et, à sa grande satisfaction, il aperçut son cousin Benjamin.

« Retire-toi d’ici, dit Benjamin, et prends mon paletot ; tiens, le voici. »

Henri fut bien heureux de pouvoir cacher son uniforme sous le vêtement qu’il avait dédaigné. Il arracha la cocarde salie de son chapeau, et bientôt il eut repris assez de calme pour raconter à son oncle et à Patty, inquiets de son absence, l’accident qui lui était arrivé. Henri s’attachait à prouver à Patty que la cause de son malheur n’était point d’avoir pris le cordon de son chapeau pour faire tourner son sabot. Quand on l’appela au tire :

« J’ai les doigts engourdis, dit Henri en soufflant dans ses mains.

— Venez, venez ; je ne suis qu’à un pouce du but, lui dit le jeune Sweepstakes, je suis curieux de voir, qui s’en approchera davantage. Tirez, Henri ; mais d’abord il faut que vous sachiez les conventions : elles ont été réglées avant votre arrivée. Vous avez trois coups à tirer avec votre arc, mais, sous aucun prétexte, vous ne pouvez empruntez l’arc ou les flèches de quelqu’un pour vous en servir. »