Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas à s’apercevoir que ce changement déplaisait à Mme Montagne. Elle voulut alors réparer le mal qu’elle avait fait. Après avoir admiré la beauté des yeux et de la chevelure de Marianne, elle ajoutait : « Mais vous savez bien que les petites demoiselles ne doivent pas penser à leur beauté. On ne doit pas les aimer pour leur jolie figure, mais pour leurs bonnes qualités. »

C’est vraiment faire injure au sens commun que de croire les enfants incapables de discerner la portée d’un conseil qui se trouve en contradiction avec tout ce qu’ils observent d’eux. Ils sont bons physionomistes. Le langage des yeux leur est familier. Tout ce que l’on dit d’eux les impressionne vivement, et ils attachent moins d’importance à ce qui leur est directement adressé.

Mlle Thérèse avait quelquefois dit, en présence de Frédéric, que cet enfant était plein de gentillesse et avait un talent d’imitation remarquable. Ce jeune garçon était vif, enjoué, mais était resté jusque-là inaccessible aux louanges vulgaires. Les flatteries de Mlle Thérèse ne le trouvèrent pas insensible. Il voulut développer en lui ce talent, et, à force de contrefaire tout le monde, il devint un véritable bouffon. Loin de s’attacher à observer les manières et le caractère de chacun pour former son jugement, il ne cherchait qu’à découvrir un ridicule dans la tournure, le geste ou la