Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/311

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— Ah ! ah ! ah ! le vieux Éden est donc entré dans la cheminée après le petit garçon, perruque et tout ?

— Oui ! madame, perruque et tout ! c’est du moins ce que j’ai demandé à l’enfant, qui m’a répondu en me voyant rire : « Il m’a sauvé la vie ; c’est tout ce que je sais. » J’ai insisté, mais ces garçons-là sont si mal élevés, qu’on ne peut rien en tirer. J’ai eu beau le questionner au sujet de la perruque, car c’était le plus plaisant de l’histoire, je n’ai pu savoir si M. Éden avait sauvé sa perruque. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’il est revenu avec un bras ensanglanté.

— Ah ! le pauvre M. Éden, s’écria Marianne.

— Oh ! mademoiselle ! le ramoneur, lui aussi, a été meurtri, et aurait fort bien pu être tué.

— Bien ! bien ! mais il est hors de danger, maintenant. Allez-vous-en avec votre histoire, Christophe. Il arrive tous les jours que les ramoneurs sont étouffés dans les cheminées. Cela fait partie de leur métier, et ils sont très-heureux d’en être quittes pour quelques meurtrissures. »

Mlle Thérèse s’aperçut que ce ton léger produisait un mauvais effet sur l’esprit de Marianne et de Frédéric. « Certainement, ajouta-t-elle. Si cette histoire est véritable, il y avait un danger réel.

— Je crois bien, dit Marianne, et M. Éden a fait là une belle action.