Page:Edgeworth - L Absent tome 1.djvu/233

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je ne le nierai pas. J’ai cru que si, nonobstant la différence de nos âges, et d’autres différences encore, il me préférait à toute autre, je le préférerais aussi à tous ceux qui m’ont recherchée jusqu’à présent. Dès notre première entrevue, j’ai bien reconnu qu’il n’était pas homme à me faire la cour à raison de ma fortune ; et j’ai pu encore juger assez froidement pour m’apercevoir que, probablement, ma personne ne lui inspirerait pas de l’amour. Mais j’étais trop orgueilleuse dans mon humilité, trop confiante en moi-même, trop brave, trop ignorante ; en un mot, je ne connaissais rien à tout cela. Nous sommes tous, plus ou moins, sujets aux illusions de la vanité, de l’espérance et de l’amour. Moi-même, moi ! qui me croyais si clairvoyante, je ne savais pas que Cupidon, agitant ses ailes, pouvait mettre toute l’atmosphère en mouvement ; changer la taille, les proportions, la couleur, la