Page:Edgeworth - L Absent tome 1.djvu/27

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relle et une manière affectée semblaient se combattre dans tous ses gestes, dans chaque syllabe qu’elle articulait ; elle s’était efforcée, étant déjà d’un certain âge, de changer sa manière irlandaise aisée, familière, affectueuse, prompte, en un air calme, froid, compassé, guindé, qu’elle confondait avec l’air anglais. Elle avait pris une peine infinie pour se défaire de son accent hibernois et pour saisir le ton anglais : se figurant qu’en ce genre l’opposé du mal était le bien, elle n’avait attrapé que la caricature de la prononciation anglaise ; et la précision extraordinaire de sa phrase, suivant le langage de Londres, faisait voir qu’elle n’était pas de cette ville, de même que cet homme, qui tâchait de passer pour Athénien, fut reconnu à son dialecte attique. Ne se doutant pas de son danger réel, lady Clonbrony se perdait sur un autre écueil, par sa continuelle ap-