Page:Edgeworth - L Absent tome 2.djvu/95

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sérables profits du moment. Les gens les plus aidés étaient ceux qui paraissaient les plus malheureux et les plus mécontens. Personne ne savait avec plus d’aisance, et avec une connaissance plus parfaite de son terrein, faire le honneurs, ou, pour mieux dire, le déshonneur d’un pays. Dans chaque cabane où elle entrait, au premier coup d’œil, elle discernait les individus convenables à son charitable dessein, c’est-à-dire, ceux de la vieille race qu’on ne peut aider, parce qu’ils ne veulent jamais s’aider eux-mêmes. — Une coiffure mal ajustée, un air de visage, une pipe cassée à la bouche, signe certain, en Irlande, de peu d’ardeur au travail ; le seul son de la voix, ou l’accent traînant en disant : « votre honneur, » ou « milady, » suffisaient pour lui faire connaître son monde. Alors elle s’adressait à ces gens, et leur faisait conter, sur