Page:Edgeworth - L Ennui.djvu/570

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la nature humaine, pour ce que j’appelois la trahison et l’ingratitude de mes anciens flatteurs, et je ne pouvois m’empêcher de comparer l’abandon et la solitude de ma vie présente, dans une ville où j’avois dissipé des richesses immenses, avec la douce et facile hospitalité dont j’avois eu à me louer à Dublin, ville où je n’avois rien à dépenser. Peu-à-peu, cependant, je devins plus raisonnable et plus juste, car je vis bien que je ne devois m’en prendre, si j’éprouvois des mortifications, qu’au peu de discernement avec lequel j’avois choisi pour amis des hommes tout à fait incapables de l’être. À Londres, j’avois vécu avec la plus mauvaise compagnie, à Dublin avec la meilleure, toutes deux m’avoient traité comme je le méritois. Mais laissons l’histoire de mes sentimens et reprenons la suite des faits.