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Mme d’Herblay, qui était une brave bourgeoise, aux idées saines et normales, se tourna vers son fils :

— Mon Dieu ! Gérard ! Aurais-tu par hasard été trop entreprenant et blessé la pudeur de cette enfant ?

Gérard était fort embarrassé. Il ne savait que répondre. Il fallait cependant qu’il se disculpât, tant aux yeux de sa mère que de la parente de Laure.

Et, ma foi, il prit le parti de leur raconter tout ce qui s’était passé entre lui et la jeune fille, en leur demandant la plus grande discrétion.

— Ce n’est pas de ma faute, dit-il en terminant. Vous comprenez dans quel état d’excitation je pouvais me trouver devant cette femme qui semblait s’offrir ainsi. Mes sens ont été les plus forts. Je défie n’importe quel autre homme d’agir autrement à ma place.

La brave Mme D’Herblay était stupéfaite, et scandalisée,

Quant à la tante Adèle, elle eut un sourire malicieux pour déclarer :

— Non, monsieur Gérard, un autre homme n’eût pas fait comme vous.

— Par exemple !

— Vous êtes inexcusable. Vous n’avez pas compris que Laure vous aimait ; ce dont elle vous tient rancune, ce n’est pas de vos emportements qu’elle avait elle-même provoqués, non, c’est de vos… deux défaillances !

« N’êtes-vous donc pas un homme véritablement pour ne pas savoir que c’est au moment où une femme amoureuse vous prie de la respecter qu’elle désire le plus n’être pas écoutée.

« Laure vous en veut de l’avoir trop respectée.

La mère du jeune homme, elle, était indignée :

— Ma chère amie, dit-elle, je ne veux pas qualifier la conduite de votre nièce. Si vous avez des raisons de l’excuser, moi, j’en ai d’autres pour la juger sévèrement. C’est une vicieuse et une sensuelle ! Elle ne peut pas être une honnête femme ! Et c’est moi, maintenant, qui refuse de laisser mon fils épouser une telle créature.

Gérard interrompit sa mère :

— Maman ! Ne parle pas ainsi !

Mais tante Adèle avait pris soudain une attitude digne de personne froissée et ce fut d’un ton pincé qu’elle répondit :

— À votre aise chère amie, moi-même je ne désire plus ce