passé. Tu m’as assez tourné en ridicule lorsque je t’ai confié ma détresse. Mais c’est fini, maintenant, bien fini…
— Même si Laure t’aimait.
— Tu es fou ! Elle se marie dans deux jours avec un autre qu’elle a choisi délibérément, qu’elle aime sans doute et dont elle est déjà la maîtresse.
— Tu n’as pas le droit d’affirmer une chose pareille.
— J’en suis sûr. Elle ne l’épouse que pour cela. Il est le beau dompteur qu’elle attendait et qui l’a conquise !
— Rien du tout !…
— Par exemple ! Comment alors expliquer son mariage ?
— Par le tien ! Elle épouse Duchemin qu’elle déteste, par dépit de te voir épouser une autre femme !
— Ce n’est pas possible ! Voyons. Qu’est-ce qui peut te permettre une telle supposition ?
— Ce n’est pas une supposition, c’est une certitude.
— Noël ! Je t’en supplie, ne me parle pas ainsi.
Noël se leva. Il tendit les deux mains à Gérard :
— J’écris des romans psychologiques qui ne valent pas souvent les aventures véritables de la vie. Laure t’aime, te dis-je, j’en ai la preuve. Ne dis rien, ne bouge pas, laisse-moi faire. Et c’est elle après-demain qui sera ta femme.
Gérard maintenant était transfiguré.
— Je veux savoir !
— Ne sois pas impatient ! Attends, deux jours, ce n’est pas long.
— Une éternité !
— Amoureux, va ! Laisse-moi faire, ou tu feras tout casser.
Noël en rentrant chez lui, se demandait comment il allait parvenir à réunir les deux amants et empêcher les deux unions ridicules qu’ils allaient contracter par dépit. Il échafaudait des plans lorsqu’en arrivant on lui remit une lettre de Laure.
« Venez tout de suite, lui disait-elle, j’ai absolument besoin de vous voir. »
Noël qui maintenant s’attachait à cette aventure qu’il vivait comme un roman, déjà écrit dans sa pensée, ne voulut pas attendre pour déférer à l’invitation de l’étrange jeune fille.
Laure était impatiente de le voir. Pour se trouver seule avec lui, elle avait, sous un prétexte quelconque, éloigné la tante Adèle. Celle-ci, d’ailleurs, ne savait plus à quel saint se vouer. Jusqu’au dernier moment elle avait espéré que le