mariage de sa nièce avec Albert Duchemin n’aurait pas lieu ; elle croyait même que Gérard reviendrait lui aussi et ne persisterait pas dans son projet d’union avec la blonde Éliane.
Aussi s’accusait-elle à présent d’avoir mal manœuvré et d’être la cause du malheur de Laure. De guerre lasse, elle subissait les événements qu’elle ne pouvait plus empêcher, attendant qu’un miracle se produisit à la dernière minute.
Laure était très nerveuse, et Noël s’en aperçut tout de suite.
— Enfin, vous voilà, dit-elle ! Je me demandais si vous alliez venir !
— Ne vous avais-je pas dit que vous pouviez compter sur moi ?
— Sans doute ! Mais avec les hommes on ne sait jamais.
— Pas avec moi. Je tiens parole.
— Je vous en remercie.
— Et qu’attendez-vous de moi ?
Cette question était toute naturelle. Et cependant la jeune fille tardait à y répondre. Ce ne fut qu’après quelques minutes qu’elle reprit la parole.
— Voilà, dit-elle. J’ai bien réfléchi depuis hier, j’ai revu M. Duchemin…
— Votre fiancé ?
— Oui, Je lui ai signifié une fois de plus qu’il ne devait rien attendre de moi et que notre mariage devait rester platonique.
— Et il a accepté, il s’est soumis ?
— Il s’est soumis, mais tout dans son attitude me fait croire qu’il n’entend pas tenir sa promesse et qu’il espère quand même venir à bout de moi. Je le crois capable de tout.
— Eh bien ! Je vous le répète encore une fois. Ne l’épousez pas.
Elle fronça les sourcils.
— Je ne peux plus faire autrement, dit-elle. Il le faut.
— Quelle femme bizarre vous êtes ! Vous vous liez à un homme que vous n’aimez pas… par orgueil.
— Par orgueil, peut-être, mais je ne veux pas qu’il soit dit que cet être que je déteste m’aura courbé entièrement sous sa loi. Je ne veux pas — si jamais je dois succomber — que cet homme indigne me révèle l’amour. Non ! ma pureté ne doit pas être sacrifiée à ce viveur.
— Je ne vous comprends pas…
— Vous ne voulez pas me comprendre. Soyez généreux.