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histoire de l'abbaye des écharlis

dictions, elle accomplit des prodiges et des guérisons et meurt en 1211, vénérée de toute la contrée.

C’est grâce surtout aux religieux des Écharlis que nous connaissons cette vie admirable. Alpais trouve en effet au monastère d’habiles et saints conseillers, des amis dévoués, un historien d’un certain talent et des propagateurs de sa renommée.

Sa vie nous est racontée par un moine des Écharlis dont le manuscrit nous a été transcrit plusieurs fois et dont il nous reste sept copies. La plus ancienne copie, comme la plus importante et la plus complète, se trouve à la bibliothèque de Chartres[1] et provient de l’ancienne abbaye de Saint-Père de Chartres. Elle se compose de quatre livres subdivisés en chapitres ; il lui manque deux chapitres, I, 8 et 13, qui nous sont fournis par un autre manuscrit, mais elle contient à la fin un appendice de sept chapitres ajouté sans titre spécial. Le premier livre raconte la naissance » la maladie, la guérison de la sainte et les grâces divines qui lui sont accordées ; les trois autres livres exposent ses visions, ses révélations, ses prodiges. Dans l’Appendice se trouvent des visions, des tentations et une guérison.

Des savants paléographes[2] jugent que l’écriture de cette copie est du commencement du xiiie siècle. L’original a dû être composé peu après 1180. D’après deux chroniqueurs contemporains, Robert Abolant, d’Auxerre, et Raoul Coggeshale, d’Angleterre, Sainte Alpais est guérie de la lèpre vers 1170, le jour de Pâques. Or, le moine des Écharlis raconte (II, 1) que Sainte Alpais reçut la sainte communion, des mains de Notre Seigneur, le jour de Pâques, c’est-à-dire au moins un an après sa guérison. Il commence le chapitre par ces paroles : Post aliquot annos, redeunte solemnitate paschali. Il parle (III, 4 ; IV, 5 et 16) du prieuré de l’église et des chanoines du prieuré ; or l’examen de la vie de Guillaume de Champagne établit que ce prélat ne vint pas voir Alpais avant 1170 ou 1171 et n’a pu faire construire l’église et le prieuré qu’après cette époque. Raynard, comte de Joigny, dont il est

  1. Cataloguée sous le n° 84 1/D ancien 131, petit in-4o en parchemin de 0 m. 225 sur 0 m. 155, ayant 64 feuillets à deux colonnes.
  2. M. Omont, conservateur du département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, et M. de Mianville, président des conservateurs de la bibliothèque de Chartres