Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/151

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Pottverdekke ! Le canif de Begga Leuven… de ma Begga… le joli couteau qu’elle m’acheta pour ma fête patronale lors de son dernier voyage à Anvers…

— Eh bien ?

— Il y a que je ne le retrouve plus… En voilà une bénédiction… Que dira Begga ? Moi qui me réjouissais de le lui montrer, le mignon bijou, tout neuf, tout poli. La chère âme ne me pardonnera jamais cette négligence…

— Basta ! Elle le remplacera… D’ailleurs, on n’offre pas de canifs ; cela tranche les nœuds de l’amour ! ajouta gravement Warner. Cela porte malheur.


— En attendant, le malheur c’est d’avoir perdu cette babiole ! Rosse de guigne !

Il retournait vainement ses poches.

— Enfin, résignons-nous, fit-il.

Équipé, il pressa la main de son camarade et empoigna son paquet de hardes.

— Au revoir ! dit Warner. Salue les amis et bois dimanche prochain avec eux une pleine pinte à ma santé chez Maus Walkiers… N’oublie pas de passer par chez mes petits vieux et dis leur que ma bourse est plate comme une figue… Embrasse aussi pour moi Stanss du charron…

— Entendu… On connaît son ordre du jour.

Et il s’élança dans la rue.

Parti du fort de Vieux-Dieu, il suivait la route militaire, dénudée, par une chaude matinée de juillet. En vue du clocher de Wommelghem, il obliqua pour gagner le ruban de queue courant vers Ranst et Broechem. Ici, il