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LES FUSILLÉS DE MALINES

bûcherons ! La clameur est tellement féroce, que les riverains qui assistaient, de leur porte, aux progrès de l’exécution, rentrent précipitamment dans leurs masures, croyant cet attentat le prélude de leur propre supplice.

L’arbre couché par terre, les exécuteurs s’y attellent à dix, à vingt, à cinquante, et en ahanant, avec des coups de rein, parviennent à émouvoir la lourde masse et la traînent trois fois à leur remorque autour de la Grand’Place. Ensuite, ils fendent l’arbre en pièces, enduisent ce bois vert de poix et de térébenthine, requises chez un droguiste, et en font un vaste feu de joie autour duquel ils fringuent et se dégingandent furieusement, comme la veille, au village.


Si leur première rencontre avec les Français a bien tourné, c’est grâce à leur aplomb et à leur sangfroid, car sinon, armés d’une façon aussi pitoyable, malgré leur forte supériorité numérique, la capture de ces quelques soldats exercés et pourvus du nécessaire leur eût coûté autrement de