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LES FUSILLÉS DE MALINES

définitivement ? C’est bien, c’est digne cela !

Ils accordent une approbation platonique à ces obscurs champions du droit ; parlent en étrangers, en simples témoins des chances d’une entreprise qui devrait leur tenir étroitement au cœur.

Pas de danger que ceux-ci se passionnent, gesticulent et élèvent trop la voix ! Maints de ces hobereaux et de ces dignitaires, encore fort valides, pourraient se joindre à ces porte-blaude ou s’acquitter envers eux en leur dépêchant pour les commander le réfractaire de qualité qui a mis entre les enrôleurs et lui la frontière d’Allemagne ou la mer du Nord. Mais quel préjugé, quel sot orgueil les en dissuade ? Le peu qu’ils entendent de l’organisation et des ressources des insurgés n’inspire pas plus de confiance à ces nobles qu’aux bourgeois. Ils jugent la cause perdue d’avance. Après quelques bons conseils, quelques encouragements, quelques souhaits formulés du bout des lèvres, une négligente poignée de main, abbés et gentilshommes se détachent de ce rassemblement servile