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LES FUSILLÉS DE MALINES

et se hâtent de rejoindre les nobles dames qui se tenaient à l’écart. Galants cavaliers, courtisans ayant l’usage du monde et des salons à la française, avec quelle aisance ils offrent le bras à leurs compagnes de captivité ! Ils s’éloignent par couples irréprochables, mais après quelques pas, les marquises daignent se rappeler la présence des rustres qui les suivent des yeux, se retournent négligemment, et, par dessus l’épaule, gratifient d’un sourire approbateur et d’une imperceptible flexion de tête, ces braves vilains pantelants, émus, encore essoufflés par leur équipée, mais se sentant la vocation des chevaliers d’autrefois, débordant de la joie héroïque des paladins !

Ils ne demandaient rien en retour de leur cordiale action : une poignée de main, un sourire et surtout l’approbation de leur conscience les paie et largement ! Mais, c’est égal, ils trouvent tout de même leurs obligés bien pressés de partir. Dans le tréfond de leur âme inculte mais si probe, si droite, une fibrille s’est contractée pour toujours…

Et lorsque les prisonniers de droit com-